Steve nous écrit après son admission à l'école d'avocats


1) Je suis arrivé à l'ESC Lille en septembre 2006 après 2 ans de prépa ECE au lycée Georges de la Tour à Metz. J'ai voulu intégrer l'ESC Lille pour y suivre le double diplôme, avocat étant le métier que je voulais faire depuis plusieurs années.

2) Dès mon entrée à l'ESC Lille, même bien avant. Je connaissais ce parcours après m'être renseigné sur les écoles qui proposaient ce cursus. Seule l'ESC Lille possédait cette filière à l'époque.

3) Aucun cours de mise à niveau, la seule exigence pour intégrer cette filière étant d'avoir des bonnes notes en droit la première année et de n'avoir aucun rattrapage.

4) La sélection se fait de la manière suivante. On dépose un dossier de motivation vers le mois d'avril. Ce dossier est ensuite examiné par une commission mixte (profs de la fac, doyen de la fac et profs ESC + D. de saint affrique, directrice du master DDA). Environ 80 dossiers avaient été déposés, on était 30 étudiants à suivre ce cursus en M1. Les résultats d'admission sont connus fin Juin.

5) Oui, il y a plus d'heures de cours, environ 250 sur l'année de M1 et 180 sur le M2. Les jeudis soirs et vendredis soirs sont destinés aux cours DDA (on finissait vers 21h). Le samedi est travaillé toute la journée.

1 stage de 3 mois en cabinet d'avocat est obligatoire en M1 durant les vacances d'été. J'avais déjà fait mon premier stage de L3 dans un cabinet d'avocat, conformément à mes souhaits pro, et je suis retourné dans ce cabinet pour mon stage M1 DDA
C'est le cabinet Richard et Mertz à Metz, cabinet qui fait à la fois du juridique (droit des affaires, conseil) et du judiciaire (contentieux). Cabinet de 9 associés, 30 personnes au total
J'ai travaillé au sein du service fiscal, mes missions étant variées. Valorisation d'entreprise en vue de cessions, créations de société, optimisation fiscale de la situation patrimoniale de sociétés, définitions de stratégies de défense du contribuable. J'ai aussi fait quelques rapprochements d'entreprises (apports partiels d'actif).

J'ai aussi travaillé en droit des sociétés, en effectuant des transformations de nature juridique de société. Mon stage était donc orienté conseil, j'ai assisté mon associé référent dans des missions de conseil. Par exemple, quel type de société choisir pour telle ou telle activité, restructuration en vue de cession ultérieure, le tout dans une optique d'optimisation fiscale.
Je n'ai en revanche pas touché au domaine judiciaire (pénal, litiges prud'hommaux, contentieux civil et commercial, droit de la famille).
C'était passionnant, et m'a donné encore plus envie de continuer dans cette voie.

5) Environ 180h de cours supplémentaires par rapport au cursus ESC pur. Les cours sont des séminaires pratiques, c'est un M2 pro (ex dess). Moins d'heures de cours, mais plus de matières, et un mémoire à rendre pour décembre. J'avais fait le mien sur les apports partiels d'actif.
Le 2ème semestre en droit est plus light, environ 70 h de cours sur le semestre. Le but de ce M2 est d'appliquer concrètement les connaissances acquises en M1.

Je n'ai pas fait de stage, ayant déja fait 2 stages en cabinet. J'ai aussi voulu mettre à contribution cette période post diplôme pour préparer le concours d'avocat. Il m'a fallu rattraper les 3 années de droit que je n'avais pas faites, ce qui prend du temps.
Diplômé fin avril 2009, je n'avais que 5 mois pour réviser le concours, le temps était donc particulièrement précieux...

7) J'avais décidé de passer le concours en seconde..., c'était donc un projet pleinement mûri. J'ai préféré le passer à la fin du M2 pour acquérir des connaissances supplémentaires, et ne pas faire préparation + stage.
C'est effectivement l'aboutissement de cette formation, le top du top au niveau difficulté étant bien sûr la magistrature mais quasiment inatteignable à moins d'être ultra brillant. Sinon, le concours d'avocat marque vraiment une sorte de cerise sur le gâteau de cette formation.
A titre d'illustration, nous étions 129 dans mon centre d'examen à le passer, et seuls 42 ont été pris effectivement...

C'est donc un concours sélectif, qui s'étale sur la durée (écrits le 20 septembre, admission finale le 20 novembre...). Il convient donc de s'y préparer pleinement, et pour mettre toutes mes chances de mon côté, j'ai suivi une prépa estivale (Capavocat) à Paris, qui est chère (2200 eur), mais très efficace, surtout pour des étudiants comme moi qui n'avaient pas une formation juridique initiale.

Les connaissances demandées sont pointues, j'avais environ 700 pages à réviser en tout. 4 matières à l'écrit. Une matière de note de synthèse, une matière de procédure (pénale, civile, ou administrative au choix), et une matière de droit des obligations (programme de 2ème année de droit, à réviser donc entièrement, sans l'avoir jamais rencontrée). Enfin, une matière juridique au choix, j'avais pris droit du travail. Les exigences sont élevées, on demande rigueur juridique, connaissance, et capacité d'application à un cas pratique, ou capacité de dissertation.

Puis viennent les oraux, 4 matières en tout, une matière au choix (j'ai pris droit des biens), une épreuve de langue, facile quand on a fait une prépa, une épreuve de compta aussi facile en sortant d'ESC, et enfin le grand oral, très sélectif, mais les kholles de prépa ont été une bonne formation pour affronter cette épreuve.

8) La je suis en vacances à NYC pour me reposer!!!. Je commence l'école d'avocat à Strasbourg au mois de février, jusqu'en Juillet 2011, puis stage de 6 mois dans une entreprise différente d'un concours d'avocat (je recherche un cabinet d'administrateur judiciaire sur Paris), puis 6 mois de stage avocat, je recherche un cabinet d'affaire soit sur Paris, soit sur Londres. J'aimerais intégrer un cabinet anglo-saxon, qui sont des cabinets très exigeants.

Pour l'anecdote, je suis allé déposer des CV à Paris dans un cabinet anglo-saxon renommé. la première question que l'on m'a posée était "Avez-vous un double diplôme". C'est la condition sine qua none pour qu'ils commencent à examiner le CV. Donc évidemment, posséder un tel double diplôme est un atout énorme... on connaît le fonctionnement d'une entreprise avec la formation ESC, et on est en plus avocat...
Par contre, je me retrouve en concurrence face à des gens qui ont fait Droit + Sciences Po et/ou Ena, des gens qui ont fait HEC puis Assas..., c'est la concurrence dans l'excellence.
Evidemment, ce sont ces cabinets qui payent le plus en stage (environ 2500 € nets en stage avocat...). Mais on doit travailler énormément, environ 2 fois au moins les 35 h par semaine.

Pour l'avenir, je souhaite donc commencer dans un tel cabinet, puis ensuite, ce sera l'aventure. Soit revenir en france avec mes compétences et devenir associé dans un cabinet existant, soit monter le mien avec des amis avocats. En tout cas, je souhaite vraiment devenir spécialiste en droit des sociétés, et dans un domaine pointu, spécifique, ou peu d'avocats sont compétents, pour renforcer encore mon avantage concurrentiel... On verra, ça dépend aussi des rencontres, des opportunités qui se présentent. En tout cas, j'ai fait ce que j'ai toujours voulu faire, le travail finit toujours par payer. Sacrifier 2 années peut vraiment se révéler indispensable pour changer une vie professionnelle.

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